Si tendre est la Nuit (Antique)

• En 2025, la « Nuit antique » célèbre les 10 ans de sa création.
• La manifestation revient sur la promenade de Saint-Antoine pour sa 5e édition.
• Parmi les activités proposées, des classiques (sic), telles que poterie, écritures anciennes, forge, coiffure et habillement à la mode antique et le retour de la frappe de monnaie, mais aussi des reconstitutions de combats antiques.
• Le maître mot est « amour » (et la fête), avec des conférences et des ateliers autour de ce thème, torride et passionnant. 

Corps à corps pour une orgie d’histoires (en tout bien tout honneur)

Il fallait bien l’équinoxe pour cette cinquième édition de la Nuit antique de Genève. On l’avait laissée à la Treille en avril 2023, voilà qu’elle fête ses 10 ans ce premier week-end d’automne. Le retour de la manifestation charrie une émotion protéiforme. Il y a la joie de voir ressusciter une, plutôt « des » époques lointaines, par une association dynamique, formidable; il y a la douleur d’avoir perdu encore un peu plus d’innocence dans l’intervalle. Sous la mitraille ou par la force des choses. 

Qu’importe! La fête sera belle et les mâchoires se desserreront pour profiter ne serait-ce que de la dégustation de l’inoxydable vin antique. Au programme, de la luxure et du coquin, mais surtout de l’érudit et du culturel. Où l’on croisera au Village antique de la Promenade de Saint-Antoine, au MAH et ailleurs, la déesse Innana et et le roi Gilgamesh, ainsi que le Minotaure – et même la journaliste chroniqueuse Martina Chyba! Peut-être que les gladiateurs qui s’affronteront auront quelque chose de magnétique, à la Kirk Douglas, ou de brut, façon Russel Crowe millésime 2000 (après Jessie… l’huile en moins). Le menu n’en est pas moins alléchant. Et un peu aussi pour les enfants et les familles la Troupe Acta leur propose une activité « école de gladiature » sur cinq créneaux. Des contes antiques seront lus dans une tente dédiée à ce public.

L’avantage de l’antiquité, c’est que la période est tellement lointaine qu’elle peut être fantasmée à loisir, et pleine de raccourcis pratiques, sinon Commode (foi de Lucius Verus Aurelius). C’en est d’autant plus intéressant de l’éclairer, à la lanterne, pour en présenter quelques aspérités. L’association rappelle qu’il y a eu une vie avant l’Escalade, bien avant même. Et ses efforts pour présenter un tel festival l’affirment avec force: le présent en est vraiment un. Il vaut ce qu’il vaut et surtout, il se danse – comme si l’on devait mourir demain. L’antidote est un philtre. Un philtre d’amour. Evidemment: l’amour est plus fort que la mort.