Silke Pan se fait papillon dans La Vie acrobate


Sorties / jeudi, mai 18th, 2023

Le point de bascule de Silke Pan dans un documentaire

Silke, athlète de haut niveau en paracyclisme, se prépare intensément pour les Jeux Paralympiques de Tokyo. Mais entre deux entraînements, elle nourrit l’espoir de retourner sur la piste d’un cirque, le lieu de son accident avec son mari et partenaire Didier. Tiraillée entre ses responsabilités de compétitrice et ses rêves d’acrobatie, Silke devra affirmer ses choix.

  • D’origine allemande, la Vaudoise Silke Pan est une artiste et ancienne athlète accomplie.
  • Depuis fin 2021, elle se produit comme « paraplegic handstand performer ».
  • Avec son mari Didier Dvorak pour entraîneur, elle compte notamment à son palmarès une 3e aux Championnats du monde de paracyclisme (2021) et une médaille d’or en 2015
  • Silke Pan a été contorsionniste et trapéziste pendant 15 ans.
  • La réalisatrice Coline Confort est une jeune diplômée de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL).
  • La Vie acrobate, qui vient de sortir au cinéma, est son premier long-métrage.
  • Il prolonge son film-documentaire Alla Vita (2019), qui suit Silke Pan lors de sa traversée des Pyrénées en vélo à bras.

Silke Pan a la performance chevillée au corps

Vue de très loin, depuis LinkedIn, l’histoire de Silke Pan semblait belle et presque convenue. Une acrobate qui, suite à un grave accident, devient une sportive d’élite en handisport, pour revenir aux arts circaciens, ça paraît logique. Les bras, l’entrainement, la lumière, les performances, il y a bien des similitudes. Rien de surprenant vraiment à passer d’artiste à athlète, qui plus est « handi » – le déboucher tout trouvé, sinon unique, pour les accidentés et autres personnes en situation de handicap. Cette histoire s’achève en plus en happy end, c’est d’autant mieux. Mais si c’est une chose de vivre en contorsionnant son corps, c’en est une autre de l’apprivoiser quand il ne répond plus.

Les projections personnelles sont mal avisées, comme toujours. Le parcours de vie de la Vaudoise est naturellement plus subtil. Les Jeux paralympiques de Tokyo 2021 se dressaient comme un pic (ou une péninsule), ils auront été un point de bascule à leur corps défendant. En effet, alerte spoiler, Silke Pan a passé son tour… et s’en porte vraiment pour le mieux.

La première fois que j’ai à nouveau réussi à tenir en équilibre sur mes mains, j’ai compris que la porte de mon rêve s’était rouverte : tout le reste n’avait plus d’importance ! Le handbike m’a permis d’accepter ma vie et de me sentir mieux. Mais en fin de compte, il ne valait rien à côté de ce que je venais de vivre. — Silke Pan

Une championne, mais pas un porte-drapeau

Dans un alignement de planètes favorable, le projet d’un film-documentaire centré sur l’une des championnes suisses de sa catégorie a pu aboutir, au bon moment. Dans La Vie acrobate, la réalisatrice Coline Confort capte cette période charnière où l’athlète « par compensation » redevient l’artiste de toujours. Le résultat est un témoignage pudique de sa part, complété par celui de son mari, entraîneur et partenaire sur scène Didier Dvorak.

Le film fait découvrir un authentique couple de saltimbanques, qui mène une vie ordinaire malgré tout et malgré le fauteuil limitant. Coline Confort montre bien la difficulté de faire ses courses au supermarché et l’obligation de descendre l’escalier avec un dispositif aussi efficace que lourd. Faire sa lessive n’est pas non plus aisé quand on est bloqué dans un fauteuil. Silke Pan en parle peu. Ce n’est pas son combat, ce n’est pas le propos du film non plus. En cela, l’ex-sportive d’élite ne se fait pas porte-drapeau, à la manière d’un François Planche, prix du Paralysé de l’année 2017. Elle est « juste » un exemple parmi d’autres.

Pour Silke Pan, le monde tient debout sur les mains

Histoire d’un couple fusionnel et complémentaire et d’une renaissance, donc, La Vie acrobate est parcouru par une souffrance, celle d’une personne accidentée et d’une battante qui trouve dans les courbatures un certain soulagement. Le film de Coline Confort accentue la solitude d’une femme face à son destin, indépendamment de l’entrain de son mari, du moment de la journée ou du soleil. On aimerait avoir la notion du temps, des semaines qui s’écoulent avant les compétitions, même si Silke Pan n’en peut plus des chronomètres. Elle rêve d’étoiles et de temps suspendu. La créativité du duo et la volonté de l’artiste font le reste.

La réalisatrice esquisse les efforts, pourtant considérables, et passe un peu vite sur le bonheur de retrouver d’anciennes sensations, pour conserver et respecter le mystère des insondables tourments de ce papillon trop longtemps en cage. C’est que, dans le film, la championne est en proie au doute et qu’en réalité, rien n’est facile. Au fond de son cœur, les lumières du cirque brillent davantage que les anneaux de Tokyo. L’appel de la piste se fait plus fort et le rêve olympique se volatilise. Les cols alpins qu’elle a franchis à vélo à bras n’étaient en fait qu’une étape. De cette longue parenthèse sportive de 8 ans, Silke Pan en est sortie renforcée.  On penserait au lieu commun nietzschéen (« Ce qui ne me tue pas… »), mais la performeuse ne prétend en rien être surhumaine. En se tenant sur les mains, elle prétend juste au bonheur d’être acrobate. On ne peut que l’applaudir.

+ d’infos

La Vie acrobate
Coline Confort, 2023

Documentaire suisse,
avec Silke Pan et Didier Dvorak
78 minutes

Scénario : Coline Confort et Emmanuel Gétaz
Production : Dreampixies, RTS Radio Télévision Suisse, Goyaves, ARTE G.E.I.E.

Sortie le 17 mai 2023
Actuellement aux Cinémas du Grütli

Site web officiel de l’artiste : www.silkepan.ch

Photos: ©DR

Personnes en chaises roulantes : « Merci de vous annoncer à l’avance »

Les personnes en situation de handicap se heurtent quotidiennement à de nombreux obstacles qui rendent difficile, voire impossible leur participation autonome à la vie en société. À maints égards, notre société n’est pas encore inclusive – elle n’est pas conçue pour les personnes handicapées. C’est pourquoi un signal fort s‘imposent. Nous revendiquons : égalité, autodétermination et participation maintenant !

Les handicaps doivent être reconnus comme partie intégrante de l’être humain. Les personnes ensituation de handicap doivent pouvoir participer à la vie en société de manière autodéterminée et égalitaire. L’initiative pour l’inclusion vise à changer la donne. 

Pour en lire davantage : www.benjaminphilippe.ch

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