Divonne et Genève, une longue relation à distance
- À Divonne-les-Bains, l’exposition « 100 ans +1 de vie internationale – une région transformée » revient sur l’histoire des relations entre le Pays de Gex et Genève.
- Axée sur l’évolution des relations économiques, sociales et culturelles entre le Pays de Gex et Genève, elle met l’accent sur des personnalités et des événements locaux.
- Le centenaire de la création de la Société des Nations en novembre 1920 est l’occasion de souligner ce lien particulier entre la Cité de Calvin et la France… voisine.
- Reportée d’un an en raison de la pandémie, l’exposition est à voir à la Maison du quartier de la gare, en centre-ville, du 29 septembre au 24 octobre 2021.
Divonne, en bons thermes avec Genève
À l’instar de son château sur les hauteurs, Divonne-les-Bains est en retrait de la campagne gessienne, blottie contre le canton de Vaud. Elle serait hors des radars genevois, si elle ne faisait partie du Grand Genève. L’exposition « Divonne, 100+1 de vie internationale » qui s’ouvre le 29 septembre 2021, apparaît comme une main tendue par-delà de la frontière franco-suisse en direction d’un épicentre multiculturel. Elle prolonge ainsi l’ouvrage de Zahi Haddad, 126 battements de cœur pour la Genève internationale.
Marcel Anthonioz (1911-1976), la figure divonnaise par excellence. ©Gallica.bnf.fr – BnF
Divonne les Bains – Station de repos 1934 – PLM. Jean Janin, Lucien Serre & Cie Paris ©Ville de Paris/Bibliothèque Forney.
Albert Cohen ((1895-1981), écrivain genevois et ancien fonctionnaire international. ©BNF
Pendant jurassien d’Evian-les-Bains, la cité thermale de Divonne n’a peut-être pas à ses pieds le lac Léman, mais elle sait cultiver son prestige séculaire. Destination appréciée des curistes, de naguère (Marie d’Agoult, la concubine de Franz Liszt, le Khédive d’Egypte Abbas Hilmi II) et d’aujourd’hui, la ville émerge grâce à son triptyque, brelan d’as: casino-golf-bains; des activités pas vraiment associées à Genève, malgré les Bains Bleus, aux Eaux-Vives, et le Casino-Théâtre à Plainpalais (qui n’a rien d’un casino).
Un siècle de tourisme et de relations internationales
S’intéresser au cent dernières années dans la région, c’est faire la connaissance de Marcel Anthonioz. Ce Divonnais natif, né en 1911, a tour à tour été hôtelier et ambassadeur de la branche en France, maire de la ville, conseiller général du département puis député indépendant. Il a même été secrétaire d’État au tourisme sous Georges Pompidou. Et résistant à partir de 1942.
Il est ainsi des villes et des entreprises façonnées par des personnalités remarquables. Personne ne parlera d’Anthonioz comme d’un Napoléon local, mais assurément le bonhomme sort du lot, ou de l’eau. Certains étymologistes traduisent le nom « Divonne » par « eau divine », rien de moins! Quoiqu’il en soit, en 1920, Anthonioz voit de très loin – 20 kilomètres – la création de la Société des Nations à Genève, une institution dépeinte sans concession par Albert Cohen, notamment dans Belle du Seigneur.
Une pierre dans l’eau vive d’un ruisseau
En revenant sur le XXe siècle et les événements qui ont animé la région jusqu’à aujourd’hui, l’exposition « Divonne, 100+1 ans de vie internationale » raconte un peu le monde et une époque révolue sans fibre optique. Elle promet un certain vertige temporel, en braquant son projecteur sur le Moulin David, héritier d’une tradition qui remonte à 1353 (!). Cette installation hydraulique, équipée en 1930 de turbines conçues aux Charmilles, a survécu grâce à un groupe d’anciens ingénieurs du CERN et d’artisans, tous bénévoles. A-t-elle un lien de parenté avec les moulins David au quai du Seujet partis dans les flammes en 1874? La question reste en suspens, comme celle de Michel Legrand: »Pourquoi l’été est-il passé si vite, était-ce quelque chose que tu as dit ? »
Aussi vrai que l’eau coule sous les ponts, les enfants de Divonne aiment la piscine municipale pour son toboggan de 60 mètres et les lycéens, pour la liberté d’un espace rassurant. Le dimanche jour de marché, les familles font le tour du lac artificiel en poussant landaus ou poussettes (résonnez, musettes). En ville, il flotte dans l’air une tranquillité helvétique et des certitudes françaises. Divonne est moins un bastion qu’un îlot, elle n’a pas son pareil dans la région. Comme Genève, au fond. Et si pour briller elle n’a pas eu de Voltaire ou de Rousseau, elle a eu un Docteur Vidart pour fonder ses thermes et un Marcel Anthonioz pour faire des milliers de ronds dans l’eau.
+ d’infos
« 100 ans +1 de vie internationale – une région transformée »
Du 29 septembre au 24 octobre 2021
Maison du quartier de la gare, au Centre-ville
Divonne-les-Bains (Ain)
Vernissage: mercredi 29 septembre (18h30)
Promenade commentée « Genève internationale : 100 ans d’architecture ».
Dimanche 17 octobre à 14h. Inscription obligatoire
Crédits Photo: Première assemblée de la SDN, 15 novembre 1920 ©Archives des Nations Unies, Genève