Deux Bekele à la belle Escalade


Actus, Cuisine / jeudi, novembre 28th, 2019

Helen Bekele Tola et Telahun Bekele, en lice pour la Course élite

  • Pour la première fois depuis longtemps, la Course de l’Escalade a lieu fin novembre.
  • La manifestation dure deux jours. Quelque 46 600 coureurs sont attendus.
  • Les courses élite ont lieu le dimanche 1er décembre, en début d’après-midi.
  • Chez les Femmes, la Genevoise Helen Bekele Tola, quadruple vainqueur de la Course de l’Escalade, sera sous la menace de l’Ougandaise Sarah Chelangat, qui l’a récemment battue.
  • Chez les Hommes, l’Ethiopien Telahun Bekele, meilleur performeur mondial 2019 sur 5000 m (en 12’52) affrontera le régional de l’étape Julien Wanders (23 ans), double vainqueur de l’épreuve (2017 et 2018) et le Suisse Tadesse Abraham, vainqueur 2015 et 2016.
  • Le cortège de la Compagnie 1602 aura lieu du 6 au 8 décembre 2019.

Ne pas confondre L’Escalade et l’Escalade

À Genève, la première quinzaine de décembre est rythmée par les festivités non seulement populaires mais surtout laïques – deux tours de force dans la Cité de Calvin (voire dans le monde moderne). L’Escalade est un fait d’armes qui a eu lieu le 12 décembre 1602, elle appartient à la légende glorieuse de l’histoire de la République; la Course, quant à elle, appartient à une tradition sportive relativement jeune ; la première édition a en effet eu lieu en 1978. Le tiercé gagnant est complété par le défilé de la Compagnie 1602, traditionnellement le deuxième week-end du mois. Voilà pour la chronologie. Et la marmite, dans tout ça ?

Avant que les Calendriers de l’Avent, mercantiles ou gourmands, ne soient omniprésents, il y avait une façon très simple d’attendre Noël : l’Escalade. S’il n’y avait pas de cadeaux ou de sapin, au moins, il y avait du chocolat, des friandises pétaradantes, des déguisements et parfois de la neige. En plus ! La fête était totalement locale, donc authentique, avec un gentil taquet aux « Savoyards », dindons d’une farce ancestrale. Aucune animosité, juste du chauvinisme. En un mot, l’Escalade était une fête bon enfant.

Des chiffres en pagaille

J’ai mis du temps à comprendre l’ordre Course / Jour officiel, à coup de Cé qu’è lainô / Défilé de la Compagnie 1602, et même à retenir la simple date du 12 décembre. Probablement induit en erreur par le « deux » de l’année (« Ce fut l’an mil six cent et deux ») et par les jours changeants d’une course qui a toujours évolué dans sa forme. Les distances mêmes des parcours sont différentes selon les catégories. Par exemple, au maximum, la Course de l’Escalade consiste en trois tours de la Vieille-Ville, soit 7,323 km. Sauf si vous prenez part à la nouvelle catégorie « relais », qui ponctue la manifestation. La distance est sensiblement plus longue (7,710 km). On s’embrouuuuuilllle ! On dirait des conversions en unités de mesure américaines.

Chocolat noir, « le Maitre dé bataille »

En matière d’Escalade, le point de repère immuable, au fond, c’est la marmite en chocolat et l’histoire de la Mère Royaume. Si jadis le chocolat était noir de rigueur, il est désormais blanc, au lait et « ruby ». Ce qu’on gagne en préférence personnelle, on le perd en austérité. Qu’importe ! Il y a toujours les légumes en massepain, ô délices. La sculpture chocolatée posée sur la table, en guise de dessert, fait toujours son effet. Priviliège du plus jeune et de l’aîné à s’unir contre les ennemis de la République. Le cérémonial met en perspective les époques et donne du lustre au moment. C’est une chance de se tenir autour de la table des vainqueurs. Pas étonnant que le chant Cé qu’è lainô soit repris avant les matchs par les supporters du Genève-Servette Hockey Club…

Même si l’événement est une fête gourmande et que les déguisements lui confèrent des accents carnavalesques, j’aime à présent l’Escalade pour son cortège. Certains y verront une démarche légère de commémoration, j’y vois de la part de la Ville une démonstration de force morale. La communauté a été soudée et se doit de le rester. Surtout, c’est l’occasion de voir de vieilles connaissances. Mon souvenir le plus marquant a, par exemple, été de croiser le regard de Théodore De-Bèze, et d’en ressentir la même transcendance qu’en apercevant Darius Rochebin, à la Rue des Bains. Vous y penserez en voyant passer un Bekele, comme une fusée.

EDIT : La Course élite hommes du 1er décembre 2019 a finalement vu la large victoire du Genevois Julien Wanders, devant l’Ethiopien Telahun Bekele. Dans des conditions difficiles – rues mouillées, température avoisinant les 4°C – le Suisse a remporté sa troisième Course de l’Escalade de suite. Le podium a été complété par son ami Tadesse Abraham.

Fin de série, en revanche, pour Helen Bekele Tola pour les Elites femmes. L’athlète du Stade Genève s’est fait devancer par la Kényane Norah Jeruto, d’un an sa cadette, invitée de dernière minute et surtout 5e performeuse mondiale de tous les temps sur 3000 m steeple (en 8’59).

Sources / références

  • Site officiel de la Course de l’Escalade
  • Site de la Compagnie 1602
  • Crédits Photo : Affiche Escalade ©Peggy Adam – (GIF) Ville de Genève
    Montage Bekele : ©GLP

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